Du latin laetare, « réjouis-toi », de laetari, « se réjouir », de laetus, « joyeux »
Ce poème est le
quatrième du recueil Alcools
et il constitue une sorte de chanson campagnarde du matin destinée à
être chantée à l'aube, sous la fenêtre de la belle, à une
période où l'on commence à sentir les premiers souffles du
printemps (le dimanche de Laetare est le quatrième du Carême)
Pbq :
Comment
Apollinaire parvient-il ici à allier tradition et modernité en un
poème qui a toutes les marques de la poésie chantée ?
En
quoi le poète parvient-il à séduire la femme courtisée ?
I
– Un poème palimpseste (qui reprend une tradition)
1.
Souvenirs mêlés (évoqués directement ou allusivement)
Ceux
de la mythologie grecque (Éros, Mars, Vénus, Pan)
Ronsard
et les romantiques (symbiose des amants et de la Nature)
2.
Le choix de formes traditionnelles et la reprise d'une démarche
argumentative bien connue
Trois
quintils d'octosyllabes aux rimes croisées respectant l'alternance
masculine/féminine qui donnent une solide cohérence à un
raisonnement qui rappelle celui de Ronsard.
3.
Une chanson rustique
Étude
du cadre, des personnages (Pâquette = pâques, pâquerette),
rappelant les vieilles chansons françaises comme « il court,
il court le furet, le furet du bois joli »
II
– Une réécriture parodique
1.
Une reprise humoristique
du thème du Carpe Diem dans une chanson où tout est rose
(volontairement mièvre), aigre (flûte de Pan). Apollinaire
renouvelle l'évocation traditionnelle du printemps, saison des
amours
2.
D'étonnants mélanges
qui sont autant de clins d’œil ironiques au lecteur : les
dieux païens dans les postures érotiques se mêlent à la liturgie
catholique (Pâques), Mars et Vénus ressemblent à de jeunes amants
pleins d'une fougue naïve : esthétique de la rupture, du choc
3.
De curieux chants d'amour un peu fous
le
poète donne à entendre une étonnante symphonie de sons joyeux et
alertes mais discordants. Le poète joue son aubade sur fond de
coassements de grenouilles (distanciation par rapport à un
romantisme facile)
III
– Un épicurisme renouvelé
1.
Une autre approche et une autre utilisation de la mythologie
Volonté
de l'intégrer à la modernité.
2.
Thanatos a disparu :
effet de surprise
3.
L'expression d'une époque,
celle d'une société hédoniste qui, d'une certaine façon, retrouve
la fête des sens grecque. En quelques vers, Apollinaire restitue le
climat des amours adolescentes d'aujourd'hui : un peu de folie,
beaucoup d'humour et d'insouciance
OU
I
– Une poésie lyrique qui vise à séduire
1.
La Nature prend une place très importante
Une
invitation à l'amour (un appel aux sens : une poésie
épicurienne qui veut envoûter la femme aimée)
2.
Une adresse directe destinée à mettre en confiance
Le
tutoiement, le nom « Pâquette », l'incitation à le
suivre
3.
Une musicalité joyeuse qui confine au bonheur
L'entreprise
du poète n'en est que plus efficace, un rythme enlevé, sautillant
(octosyllabes)
Ton
enjoué du poème
II
– Un poème
qui reprend une tradition littéraire (un palimpseste)
1.
La présence de Ronsard dans le poème
La
référence aux roses et l'invitation licencieuse (contraire à la
pudeur, grivois), la présence d'une nature important, la mythologie
2.
Le topos du Carpe Diem
Verbes
au présent et impératifs
III
– Une poésie surréaliste qui capte l'attention : le
renouvellement de la tradition
1.
Une poésie amusante : l'esthétique de la surprise
Grenouilles,
poules, cadre rustique
Image
des dieux dans des postures inhabituelles qui leur donnent moins de
solennité → païen
La
mythologie intégrée à la modernité
Association
de la mythologie à la liturgie avec la référence de Pâques
Pittoresque :
une
peinture fantaisiste, insolite. Un tableau vivant et léger
2.
Une écriture novatrice
L'absence
de ponctuation, des images qui n'entretiennent pas de lien avec le
réel « l'aube au ciel fait de roses plis »
(métaphorique : le ciel est comme une peau) → annonce Eluard
« la Terre est bleue comme une orange »
Des
associations surprenantes qui éveillent l'imagination et emmènent
le lecteur dans un univers créatif, inventif
Le
verbe rare « feuillolent » (qui signifie « se
recouvrir de feuilles »)
A mon avis il est clair que ce poème ne doit pas être lu sans ses suites : une deuxième partie, en italique, qui pour quelque raison n'est pas inclue dans les présentations du texte sur le net et ailleurs, plus le texte qui les suit dans "Alcools", la "Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople". Sans lire toute la "trilogie" effectivement le premier texte peut sembler mièvre et sans grand intérêt ; alors qu'à la lecture des autres il devient une (auto)parodie brillante et hilarante...
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